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— Une petite sœur, elle l'est pour tout le temps, c'est pas comme pour les amoureux ou les trucs comme ça, une petite sœur, même quand t'es à quinze kilomètres ou si tu fais des choses, ou si tu fais rien, elle est toujours dans ta poche d'amour éternel. Toujours.

«  non, j'y vais toute seule. je n'ai pas besoin d'aide. reste ici. c'est mieux qu'on arrête d'être trop proche. » dis-je en le  voyant débarquer dans la maison de la piscine que m'avait offerte le temps de ma grossesse lui et sa femme. j'étais heureuse de pouvoir dormir dans un endroit sain et doux, un endroit qui n'est pas dur et sombre. cependant, je suis trop proche de lui. il lui suffit de sortir de chez lui, faire quelques pas et il est là. c'est trop dur. je sais que c'est une bonne chose. je sais que je n'ai pas le droit de le faire cependant je ne contrôle rien. ça m'est tombé dessus comme ça. jamais je n'aurais cru tomber amoureuse d'un homme marié et encore moins de celui dont je porte son enfant. j'ai essayé d'oublier mais en plus de vouloir le faire, je le vois chaque jour à l'université, je l'ai en face de moi à me donner des cours de médecine. ça n'arrange pas les choses. j'attrape mon sac et je sors de cet endroit. il me regarde. je sais parfaitement que c'est lui qui m'emmène chaque fois chez le médecin.  que sa femme ne veut pas que j'y aille seule. je ne suis pas une gamine, je ne suis pas une poupée. je suis capable de me rendre chez le médecin. et c'est ce que j'ai décidé de faire aujourd'hui. je l'entends derrière moi. il me suit. il ne pourra pas le faire très longtemps. j'ai demandé à mon meilleur ami de me prendre et de poser devant Winnie Maternity. au moins, je sais que lui ne posera pas de questions et qu'il me laissera tranquille. «  je n'ai pas changé d'avis en quelques secondes.  » je vois la voiture de celui-ci. je m'engouffre à l'intérieur. bon, j'avoue que le petit signe de la main était un moment de la narguer. j'étais contente de moi d'avoir réussi à m'éclipser. pas de compte à rendre. j'aurais au moins mon après-midi libre après et personne sur mon dos pour me dire ce que je dois faire et ce que je ne dois pas faire. après quelques minutes, il me dépose sur le bord. je l'embrasse sur la joue et je lui promets qu'on passe la soirée ensemble. qu'est-ce que je pourrais faire sans lui ? rien. il est indispensable à ma vie. il est indispensable à ce que je suis. en débarquant à Sunset, je ne pensais pas avoir une relation aussi fusionnelle avec quelqu'un. je ne pensais pas rencontrer ce garçon qui deviendrait mon meilleur ami. je pousse la porte de l'endroit et je vais directement m'adresser à la secrétaire. c'est bon, je ne suis pas en retard. peut-être un peu en avance. la salle d'attente est presque vide. il n'y avait qu'une demoiselle qui était vraiment enceinte. au vue de son ventre, l'accouchement ne devrait pas tarder. et dire que je serais dans le même état dans plusieurs mois. j'arrive pas à me dire que je vais être une baleine. je vais être affreuse, marcher comme un canard et ne plus pouvoir faire ce que je veux. il y a des fois où je demande pourquoi j'ai décidé de devenir mère porteuse. c'est pour mon avenir. la réponse est précise. sans ça, je ne pourrais pas faire mes études de médecine. je ne pourrais pas réaliser mon rêve. je n'aime pas attendre. et pour faire patienter le temps, j'observe. je regarde cette demoiselle. je ne sais pas pourquoi mais quelque chose chez elle me semble familier. je ne saurais dire quoi exactement. et dire que j'ai une sœur qui habite à Sunset. j'ai une petite sœur que je n'ai jamais connu. une petite sœur qui a été avec mes vrais parents, qui les connait, qui sait comment ils sont. une sœur qui ne sait même pas qu'elle a une grande sœur. comment en vouloir à mes parents biologiques. je n'avais qu'un an lors de mon kidnapping. j'étais toute petite. et ils ne m'ont jamais retrouvé. ils ont dû vivre sans moi alors autant faire comme si je n'avais jamais existé. c'est bien simple et ça fait moins de mal. je regarde encore cette demoiselle et je me rends compte que c'est son air qui me dit quelque chose. oui, c'est ça. j'ai l'impression de voir certaines choses de moi en elle. je change de chaise pour me retrouver juste à côté d'elle. « Jezabel Snow. » dis-je en présentant. je ne dis jamais mon nom de famille en entier. en même temps, je ne sais même plus lequel s'est. je me perdus totalement. j'ai tellement l'habitude de me présenter de cette façon, que je le fais. normalement, je devrais ajouter Udinov à la suite puisque mon véritable nom de famille. cependant, je me sens pas comme une Udinov. je me sens plus comme une Snow bien que j'ai du mal à le voir. j'ai l'impression d'être le genre d'enfant qui n'a pas de nom de famille. qui n'est rien. orpheline. voilà. je me considère ainsi comme une orpheline. et je le dis quand on me demande de parler de mon passé. j'invente. je tisse un mensonge pour rendre mon passé un peu plus heureux, un peu beau. j'efface les ratures et je le rends merveilleux.