L’Australie, ta terre natale. Y vivre était un agréable plaisir, ne serait-ce que pour la place, l’océan, et bien que ce soit cliché, les koalas et les kangourous, sa faune et sa flore étaient simplement remarquable. Tu aimais ce pays pour ce qu’il t’apportait : une vie simplement heureuse.

Ton enfance n’eut pas d’encombres, tu gambadais, jouais, riais, avais tes peines et tes caprices,  t’arrivais de jalouser tes frères ou ta sœur, comme tout les bambins. Tu faisais partie d’une fratrie de quatre enfants où tu étais l’avant dernière, ce qui ne t’empêchait pas d’être la fille à papa puisque Birdie était plus âgée, seulement d’un an, mais cela suffisait à ce que tu restes le petit bébé de monsieur Hartley. Cela n’a pourtant jamais empêché votre attachement et votre lien entre ta sœur et toi.
A l’âge de tes six ans, ta mère t’a initié à l’art de la cuisine, tu avais tellement aimé ça que mainte et mainte fois, ton père hurlait du désastre que devenait sa maison, ce qui te faisait le plus rire était lorsque ta mère, drôle, attachante et bonne joueuse, le poussait en dehors de la pièce en lui répétant que ce n’était point son domaine, qu’il n’y mette plus les pieds et qu’elle allait nettoyer ça. Elle t’avait pourtant bien appris à t’organiser, mais lorsque tu te mettais aux fourneaux, la pièce devenait un véritable désordre.

Le déménagement à Sunset Dreams lors de tes quinze ans fut dur, tu étais en pleine période d’adolescence et changer de lieux, te faire de nouveaux amis, tu n’aimais pas ça, pourtant, ça c’est très bien passé, tu t’es très vite intégrée, ta vie social n’était pas énormément animée mais tu vivais comme une jeune fille de ton âge. Sage, tu n’as pas touché à la drogue, tu ne fumais pas – et ne fumes toujours pas -, tu buvais avec modération, une vie exemplaire.

Tu passais le portique de sécurité et entendis soudain un sifflement, ce genre de bruit que l’homme, se sentant viril fait en voyant une jolie fille. Tu te retournes, il a les mains dans les poches, le regard sombre mais tu vois à son sourire qu’il n’a pas honte de t’avoir reluqué. Mais toi, tu es du genre à prôner sur la place des femmes dans la société et surtout contre le sexisme, ce genre de truc, c’est inadmissible. Tu rebrousse chemin, le regarde droit dans les yeux. « T’as peut-être un engin imposant à ta ceinture mais ce que t’as dans le pantalon, ça m’intéresse pas. Siffle-moi encore et c’est mon café sur ton uniforme. »

Plus tard, en sortant du bureau de Jax, tu croises encore ce type, tu le fusilles du regard. Pendant que tu prends l’ascenseur, la discussion débute entre ton frère et l’agent de sécurité. « On t’apporte le café maintenant, celui de l’entreprise te suffit pas. » « Le café d’ici est une infection tu le sais. » « Elle a failli me foutre un goblet à la gueule en arrivant. » « T’avais fais quoi ? » « Je l’avais sifflée. » le rire de Jaxon résonne. « Je la reconnais bien là. » L’agent de sécurité regarde le brun boire une gorgée et lance d’un ton joueur. « Oh avoue Jax, t’aurais fait pareil, elle est foutrement bien roulée. » « C’est ma sœur espèce d’abruti profond. ». Et s’ils savaient, tous les trois, que ce n’était que le début.


Les gens ne le disent jamais assez, boire ou conduire, il faut choisir. Tu n’aurais jamais pensé qu’un jour tu serais confronté à une situation dans laquelle l’alcool et la route te concernerait, de près ou de loin. Mais c’est lors d’une soirée tranquille que tu as reçu un coup de téléphone. Les accidents de voiture, tu en avais déjà vécut un, enfin, tu avais déjà été mise à l’épreuve dans ce genre de cas, l’accident de Birdie, son coma, tout ça restait des souvenirs, qui malgré les mois passés, ne s’oubliaient pas. Mais entendre ta sœur te dire de venir à l’hôpital, en larmes pour qu’un médecin te disent que ton petit-frère et sa fille de presque trois ans avaient été tués dans un accident de voiture où l’autre conducteur était en cause. Ça, jamais. D'abords, le choc, la nouvelle qui te frappe en pleine tête et en pleine poitrine, comme si c’était cette fichue voiture qui te percutait toi. Ensuite, le déni, ce n’était pas possible, ton petit frère Phoebus n’était pas mort, Gaïa n’était pas morte. Il devait y avoir erreur sur la personne, mais les larmes de ta sœur et la colère de ton frère, deux stades que tu n’avais pas encore passés, te prouvait bien que le spécialiste devant toi ne mentait pas. Et là, il y eu la colère, l’incompréhension, qui pourquoi, comment, encore pourquoi. Les larmes coulaient, de rage, de tristesse, de ce manque que tu ressentais déjà. Tu essayas tant bien que mal de soutenir Birdie, Jax lui, tournait en rond, toujours en colère mais la tristesse se lisait en lui.