Depuis plus d'une heure, je la détaillais de la tête aux pieds. Elle était radieuse dans sa robe courte de la couleur du sang, allongeant sa silhouette avec des talons noirs. Habituellement, je ne suis pas fan des brunettes mais pour ce soir, j'allais faire une exception. Elle était à croquer et je désirais pouvoir la connaitre d'avantage et, surtout, lui dire combien elle était magnifique. Charmeur à mes heures perdues, je savais d'avance que je n'aurais aucun problème pour lui faire comprendre que sans elle, le restant de ma nuit serait monotone et sans couleur. Devais-je aller le lui dire ou bien, à force de la regarder avec un filet de bave sur le côté de la bouche, elle allait comprendre le message, soit que je voulais lui parler? Prenant mon courage à deux mains, j'ai terminé mon verre, laissé un généreux pourboire au serveur présent et dirigé vers la toute belle. Elle devait avoir environ mon âge, à quelques années près. Une très jolie fille, probablement une mannequin. C'était toujours avec ce genre de demoiselle que je sortais, faute de trouver mieux. Mon père, un brillant cinéaste, louait très souvent de grandes salles à l'approche d'une sortie de l'un de ses films, espérant pouvoir amuser la galerie féminine. Toutes les jolies dames étaient invitées et souvent, je trouvais mon compte de cette manière. Comme ce soir. La soirée ne faisait que commencer et j'avais déjà jeté mon évolue sur l'une d'elle, espérant qu'elle puisse m'accorder ce sourire que j'essayais de capter depuis des lustres. Était-elle mannequin ou actrice? Peut-être qu'elle travaillait dans une agence de beauté également, tellement la couleur de ses cheveux laissaient entrevoir une infime manière de m'y glisser les doigts. Je bavais devoir son savoir et sa beauté, devant sa légèreté et sa manière de tenir sa coupe de vin. Je n'ai jamais été un amateur de vin blanc mais pour elle, j'allais prendre le reste de la bouteille si il le fallait. Je ne voulais pas la décevoir, je ne voulais pas devenir quelqu'un qu'elle n'aimerait pas. Demain matin, elle pourrait bien me traiter de tous les noms, je m'en contre fichais mais pour l'instant, tout ce qu'elle devait savoir, était le fait que j'avais de l'argent pour continuer à payer sa beuverie et surtout, que je pouvais la faire sourire jusqu'à ce qu'elle tombe d'épuisement, sur mon oreiller.

À pas de loup, je m'avançais tranquillement vers ma belle, espérant que cette dernière ne soit pas célibataire. J'ai toujours aimé l'inconnu et le fait de ne pas être le seul dans l'oeil d'une demoiselle. J'aime le fait de l'interdit, le fait de savoir que d'une minute à l'autre, je pourrais me faire prendre par le mari de l'une d'entre elle. J'aime le danger et l'adrénaline que ce dernier peut dégager. Peut-être que pour certaines personnes ceci est ridicule mais pas pour moi. J'ai déjà aimé une femme qui m'a laissé tomber, quelques jours avant notre mariage. J'avais peut-être que 18 ans mais peu importe. Je me suis promis de ne plus tomber amoureux et surtout, de ne pas laisser les autres choisir pour moi et pour ma vie. Je suis comme ça et j'espère pouvoir tenir ma promesse. Tout allait bien avec cette fille jusqu'au jour où elle m'a annoncé qu'elle attendait un bébé. J'étais fou de joie, j'ai demandé sa main auprès de son père. Mais plus les jours avançaient, plus j'avais certains doutes sur ma paternité. Sophia sortait trop souvent et elle recevait des appels d'un homme que je ne connaissais pas et ce, sans arrêt. J'ai fini par aller passer certains tests à l'hôpital et j'ai vite eu la confirmation que je désirais. Je n'étais pas le père de cet enfant, j'étais stérile. Voilà comment j'ai su que ma fiancée me trompait avec le frère de sa meilleure amie. J'ai tout abandonné, me lançant ensuite dans l'alcool et dans les aventures d'un soir, espérant pouvoir l'oublier. Chose qui n'est pas totalement arrivé puisque je pense toujours à elle, d'une certaine façon. J'ai su, quelques années plus tard, qu'elle était célibataire et qu'elle élevait seule sa fille. Tant pis pour elle, je ne pouvais rien faire de mieux. Je sais bien qu'elle aurait aimé pouvoir me faire avaler ses salades mais je n'étais pas aussi crédule. Je voulais savoir la vérité car pour moi, tout ceci était trop important à mes yeux.

Plus que quelques pas me séparaient de cette douce jeune femme au regard si tendre et à la peau si douce. Qu'allais-je pouvoir lui dire? Devrais-je lui parler de mon père ou bien, de mon travail, à moi? Je pouvais très bien lui dire que j'étais cinéaste aussi mais ceci serait mentir. Je restais dans l'ombre de mon père lorsque ce dernier se promenait sur un plateau de tournage, espérant pouvoir apprendre de ce dernier. Mon père m'avait souvent mis en garde de certaines choses à ne pas faire et je commençais à comprendre le vrai travail. Le dur et le puissant travail que ceci donnait. Pas grand chose, au final. Mon père se promenait de droite à gauche, donnant ses ordres pour avoir la meilleure vue des caméras possible, pour pouvoir tourner son film dans un angle parfait. C'est ceci que je voulais faire. Ceci et aussi, pouvoir sortir avec les actrices pour pouvoir grimper dans les échelons. Allais-je pouvoir rencontrer Angelina Jolie ou Cameron Diaz dans un avenir prochain? Seul le temps allait pouvoir avoir raison de ma réelle impatience. Et seul Dieu pouvait bien savoir et voir que j'étais impatient de connaitre le métier de fond en comble pour pouvoir travailler seul et apprendre par moi-même. Je suis peut-être un fils à papa par moment mais il m'arrive tout de même de vouloir rester moi-même et d'essayer par ma propre personne. Comme présentement. J'avais envie de nouveauté, envie de connaitre cette princesse qui venait de m'apercevoir, me donnant comme cadeau un joli sourire auquel je répondis sans aucun problème. Plus j'avançais, plus je la trouvais jolie et plus je savais que j'allais passer une agréable soirée en sa compagnie. - Je t'ai pas sonné, tu pourrais aller voir ailleurs si j'y suis? - Cette voix, je pourrais la reconnaitre entre mille. Il s'agit de Malagie, sans aucun doute. Mais que fait-elle ici, dans cette salle bondée de gens majeurs? Je ne me pose aucune autre question et je fais demi-tour. J'ai trop bon coeur lorsqu'il s'agit de la famille. Je sais qu'un jour, ceci aura raison de moi et me tuera. J'ai donc fait demi-tour, espérant pouvoir retrouver Magalie assez rapidement avant que l'objet de mes désirs ne prennent la fuite, espérant trouver mieux ailleurs. Foutaise, je le sais d'avance. Quoi qu'il en soit, j'ai vite retrouvé ma soeur puisque cette dernière était tout près de moi, espérant certainement que je puisse lui venir en aide, encore une fois. Magalie est une charmante jeune femme de 20 ans et elle possède beaucoup de talents, sauf celui de rencontrer des personnes qui sont là pour son bien. Elle aime les défis et, tout comme moi, ne donne jamais sa place. Elle prétend souvent pouvoir se sortir de sa misère toute seule mais à chaque fois, je dois continuellement la sortir de là, comme ce soir, probablement. Ma soeur a fait la charmante connaissance d'un homme faisant deux fois son âge, aux mains longues. Je ne peux supporter ce genre de personne, ce n'est pas vraiment mon point fort. Surtout lorsqu'il s'agit de ma petite soeur. Je suis un frère protecteur et je ferais n'importe quoi pour lui venir en aide, allant jusqu'à y laisser ma propre vie, si ceci lui est utile. Et je crois que parfois, elle le fait par exprès. Elle s'aventure sur des terrains qui ne lui sont pas propres et où des fois, sa survie est menacée. Je sais que parfois, je la couvre trop mais j'ai peur pour elle. Elle se montre forte et consciente des dangers qui l'entourent mais je sais que ceci est complètement faux. Au fond de moi, je sais que Magalie est une perle et qu'elle a un grand coeur. Elle essaie uniquement d'être quelqu'un d'autre lorsqu'elle sort en boîte et j'avoue que des fois, je pourrais m'y méprendre.

Sentant que ceci n'allait certainement pas bien se terminer, j'ai prié tout bas pour que mon père ne puisse pas entrevoir quelque chose de la bagarre qui allait probablement faire rage. Pourquoi? Parce que l'homme qui draguait ouvertement ma soeur était l'un de ses bons amis, voilà pourquoi! Magalie, encore petite fille fragile, n'avait pas sut dire non et avait accepté verres par-dessus verres, espérant que ces derniers soient complètement gratuits. Mais chaque chose à un prix et elle venait à peine de le comprendre. Comme à chaque fois qu'elle sortait dans les bars, elle avait croisé un homme plus vieux qu'elle qui ne voulait que s'amuser quelques minutes. J'ai toujours détesté ce genre de personne même si je me reconnais souvent dans ce genre de situation. Oui, j'ai menti bien souvent sur ma personne pour obtenir ce que j'ai toujours voulu mais ceci ne donne pas le droit à ma soeur d'agir de la même façon. Avec moi, ce n'est pas pareil. Elle, elle doit être la gentille de la famille, la petite fille tranquille qui ne salira jamais notre nom. Et de la manière donc tout ceci est commencé, je ne donne pas cher pour le restant de la famille. Déjà que je sais que mon nom de famille ne sera pas utilisé après moi, j'aurais bien aimé que Magalie puisse s'en servir pour les bonnes raisons. Mais non, elle veut à tout prix rester célibataire, sans engagement et sans enfants, pour pouvoir s'amuser jusqu'à l'âge de sa mort. Un peu comme moi... C'est ce qu'elle m'avait déjà expliqué, dans le passé, lorsque j'avais été la chercher ivre morte, chez un ami. Quelques semaines plus tard, elle m'avouait savoir fait avorter pour ne pas avoir le regard de nos parents dirigés vers elle. Bref, ceci est une autre histoire et non la mienne. Ce qui arriva ensuite, je ne pourrais le dire. Je me souviens avoir donné le premier coup, espérant sonner mon adversaire, ce qui n'arriva pas. Voir jamais. Même si j'ai tendance à me battre pour presque rien habituellement, je désirais donner le bon exemple à ma petite soeur mais tout ceci c'est assez mal terminé, si mes souvenirs sont bons. Je me souviens uniquement des cris de Magalie, me disant d'arrêter, que j'allais me faire tuer. Et puis, le noir total pendant quelques secondes. Et un mal de tête énorme, me faisant rappeler que bien des femmes avaient tort sur ce sujet. Certain homme ont une tête, malgré ce qu'elles peuvent bien penser de tout ça. Je me rappel vaguement que lorsque j'ai ouvert les yeux, mon père était entrain de calmer certaines personnes qui s'étaient amusées à prendre position dans cette bagarre improvisée. Je me suis relevé avec difficulté, avant de recevoir des insultes venant de la part de Magalie car certaines de ses amies avaient vu ce qui c'était passé et je lui avais fait honte. Bonjour l'entraide et l'amour familial!

Pour l'instant, jambes croisées sous cette chaise froide et sans vie, j'attends mon tour pour le médecin qui, je l'espère, pourra me donner mon congé. Mon père a insisté pour que je me dirige vers l'hôpital, question d'avoir quelques points de soudures. Grâce à lui et à ma charmante petite soeur, je peux dire adieu à ma soirée avec la jolie inconnue qui aurait été un vrai trésor étendue sur mes draps blancs. Bref, je déteste certains passages de ma vie, comme celui-ci. Je reste rarement en place et je préfère faire la fête au lieu de rester de marbre, assis bien droit, à attendre mon tour dans une salle d'attente bondée. Je déteste ce que ma soeur me fait trop souvent subir mais je n'y peux rien. C'est ça la famille... Que voulez-vous!