Nous étions le dix juillet de l'année 1982, l'eau ruisselait sur les vitres d'une bâtisse blanche et les nuages envahissaient le ciel dans sa totalité, il n'y avait pas une seule lueur cet après-midi là, pas une seule parcelle de lumière qui flottait dans l'atmosphère sombre, il n'y avait pas de ce soleil que tout le monde convoitaient tant lorsque l'été était au rendez-vous, non il n'y avait pas de cette étoile qui réchauffait les âmes et les cœurs lorsqu'il faisait acte de présence et pourtant, pourtant malgré cette tristesse ce dix juillet de l'année 1982, malgré ce gris abondant, cette pluie sinistre et lugubre, cette bâtisse que l'on appelait aussi une maternité avait accueilli dans la salle d'accouchement numéro 2 deux jeunes amoureux, comblés de bonheur suite à la naissance de leur premier enfant. Il venait se rajouter à la famille Wilde pour la plus grande joie des nouveaux parents. « Comment allez-vous prénommer ce magnifique petit garçon, Madame Wilde? » C'était avec un faible mais large sourire que l'intéressée répondit tout simplement et naturellement. « Timoteï Matthew Wilde. » Sans jamais décocher son regard amoureux dans celui de son compagnon.


Timoteï avait bien grandit, il s'était petit à petit forgé son propre caractère, sa propre personnalité sans pour autant changer quoi que ce soit dans ses relations familiales, le jeune homme était très proche de ses parents, c'était une famille soudée toujours là lorsqu'il avait besoin, quand il riait, pleurait, criait, son cocon était présent à ses côtés ainsi pour le soutenir, l'engueuler et rigoler aussi. Il a commençait à jouer du piano alors qu'il n'a que quatre ans, grâce à son grand-père paternel avec qui il était très proche aussi. Le piano l'a énormément aidé à se construire et à avoir confiance en lui.
C'est l'année de ses dix ans qu'Annie et Jack quittèrent la ville pour s'installer dans un vieux ranch qu'ils avaient racheté et c'est aussi l'année suivante que vient une nouvelle venue dans la famille Wilde, non ce n'était pas un chien, ni un cheval ou un cochon mais belle et bien une jolie petite fille qui pointa le bout de son nez un fameux quatorze juin 1992, Penelope "Penny" Liza Wilde rendait fou Timoteï. Oui dix ans les séparaient, c'était énorme et pourtant ils ont très vite été complices. Il n'en restait pas moins qu'il s'était promis d'être présent pour elle à chaque instant de sa vie, qu'il protégerait ce petit bout au détriment de sa vie s'il le fallait. Leur lien était énigmatique aux yeux de tous même aux yeux de leurs propres parents. Quiconque toucherait à un seul de ses cheveux n'en ressortirait pas vivant. La famille Wilde était ce que l'on pouvait appeler une famille soudée, toujours là pour s'épauler pour quoi ou qu'est-ce. Il n'y avait rien de plus important pour le jeune homme que sa famille, il pourrait se sacrifier, donner sa vie, parcourir la Terre pour elle. Timoteï s'en alla de la maison alors qu'elle n'avait que huit ans, certifiant qu'il passerait la voir souvent jusqu'à ce qu'elle puisse venir de son côté. Le jeune brun se sentait obligé d'être avec sa petite sœur. Parce qu'elle était plus jeune? Plus innocente? Plus faible? C'était sa mission que d'être là, tout simplement.


Jeune garçon devenu grand, Timoteï s'était embelli au fil des années qui découlaient. Il s'était sculpté, il était désormais grand, beau à souhait et il se laissait parfois même pousser la barbe de deux ou trois jours, le rendant plus viril, plus homme. Il avait fini ses études à l'Université de Chicago dans le domaine sportive et il était dorénavant un fervent combattant du feu puisqu'il était devenu pompier. Ce métier l'avait toujours passionné c'est pourquoi l'Adonis en avait fait sa vocation, il avait réussi les tests d'aptitudes et sportives haut la main, depuis maintenant 5 ans il accomplissait chaque jour ce travail qu'il réalisait avec courage. Timoteï a été muté à Santa-Barbara, demande qu'il avait fait lui-même d'ailleurs pour se rapprocher de sa petite-sœur, habitant désormais cette ville, seule. Il n'aimait pas savoir Penny au détriment du monde entier. C'est pourquoi il s'y installa accompagné de sa petite-fille, Jade, tout juste âgée de 2 ans. Elle faisait la joie de Tim et ressemblait tellement à sa mère que de la regarder amplifiait la douleur dans sa poitrine.


Chicago, Illinois. Août 2012.

Les cris strident d'un bébé résonnait dans l'intégralité de l'appartement où logeait Timoteï et sa compagne, Jules. La petite venait d'avoir six mois. Elle était malade et contractait une belle bronchite. Il était deux heures, ce matin-là, la petite s'était mise à pleurer, à se pâmer pour que l'un des deux parents dont Timoteï daigne enfin venir, c'était sans compter les efforts insurmontables du jeune homme pour ne pas céder, seulement au bout d'une demie heure, l'envie de meurtre au sein de cet appartement était trop présente, il consentit à se lever, à se diriger vers la chambre de sa petite-fille, à ouvrir la porte et à s'avancer vers le berceau pour finir par se pencher par dessus les barreaux avant de... « Tu... » Bayer.  « Tu vas finir par me tuer, Jade Rose Wilde. » Malgré la fatigue qui se faisait ressentir, le jeune papa qu'était devenu Timoteï sourit à la vue de sa petite fille. « Mais on pourrait me tuer milles fois s'il le fallait, ton sourire restera ma plus belle arme. » Voilà qu'il se mettait à penser comme un poète, papa poule était parmi nous, cette dernière lui sourit finalement, arrêtant ainsi les pleurs incessant. Il prit son ange dans ses bras, se dirigea vers la cuisine, attrapa le biberon, la poudre et l'eau, versa 6 cuillerées de poudre et l'équivalent pour l'eau. Il secoua le biberon afin que la poudre et l'eau se mélange entre elles, tout en faisant des allés et retour de la cuisine au salon, avant de pencher Jade dans ses bras et de lui introduire la tétine dans sa bouche, il n'en fallait pas plus pour la voir heureuse, cette petite. Ce petit plaisir passé, le jeune homme attendit plus d'une demie-heure pour laisser digérer. Un rot, puis un deuxième et il alla recoucher sa fille.
Épuisé mais heureux, Timoteï prit la direction de la salle de bain, histoire de se rafraîchir un instant. Il se contempla légèrement dans le large miroir qui trônait face au lavabo, vêtu d'un simple pantalon de pyjama gris, il pencha son visage et se barbouilla d'eau, cela à plusieurs reprises, les yeux fermait il voulu attraper à l'aveuglette la serviette qui se trouvait sur le porte-serviette, mais il fit tomber autre chose, avant de finalement trouver ce qu'il chercha pour se sécher. Le jeune homme ramassa ce qu'il avait fait tomber, c'était simplement le pyjama en satin gris que Jules portait pour aller dormir. Elle n'était pas présente cette nuit, cette dernière était en mission d'infiltration, mission assez dangereuse et qui ne plaisait vraiment pas au jeune homme. Il avait tenté mainte et mainte fois de la dissuader d'accepter mais elle était beaucoup trop borné pour l'écouter. C'est pour cela qu'en cet instant, au lieu d'être enlacé dans les bras de son homme elle était en compagnie de son équipe, il ne savait où...

Le lendemain matin, l'aube s'était levée depuis un certain temps déjà, il n'avait pas vu l'heure défilait, Timoteï était crevé entre gérer son boulot, l'appartement et sa fille... Il mettra un moment avant de se lever. Lorsqu'il regarda à ses côtés, Jules n'était toujours pas rentré. Ce n'était pas dans ses habitudes de ne pas prévenir dés lors qu'elle faisait des heures supplémentaires. Le jeune homme se dirigea comme à son habitude vers le comptoir de la cuisine, fronçant les sourcils. Elle n'était ni dans le salon, ni nul part ailleurs. Le pompier attrapa son portable, composa le numéro de Jules et attendit qu'elle daigne répondre... En vain. Ce n'est que dix minutes plus tard que l'on sonna à la porte. Une nouvelle fois encore il fronça les sourcils avant de sourire stupidement, la jeune femme oubliait toujours ses clefs. Il se dirigea alors rapidement vers la porte, la déverrouilla et recula lorsqu'il découvrit qu'en face de lui se trouver le supérieur et un collègue de Jules. Ils n'avaient pas eu besoin de parler qu'il savait... Il ne pouvait dire comment mais intérieurement parlant il savait que quelque chose était arrivé à celle qu'il aimait plus que tout au monde. « Timoteï... » Ses yeux ne voulaient pas s'embuer de larmes, il ne parvenait à rien d'autre... La seule personne à qui il pensait été à leur fille, au fait qu'elle ne verrait plus sa maman. « Les médecins ont fait tout leur possible pour la sauver mais... Je suis désolé Tim. » L'intéressé secoua négativement la tête et glissa ses doigts à travers ses cheveux. « Il faut que tu viennes avec nous, il faut que tu ailles la voir. » Il ne pipa mot. Trop abasourdi, trop... Il était déjà beaucoup trop loin pour réagir...


1 mois plus tard.
Cela faisait désormais un mois que Jules était décédée en mission. Timoteï haïssait le monde entier, le monde et la police. Il haïssait les gens, les couples heureux sans exception si ce n'était Jade. Un mois long et interminable où il n'arrivait plus à rien, pas même à pleurer ou à apaiser la douleur profonde dans son thorax. Qu'est-ce que ça faisait mal de perdre un être à qui l'on tenait tellement... Qu'est-ce que c'était douloureux de vivre avec l'absence quotidiennement. La seule personne qui le maintenait en vie c'était leur petite fille, c'était son souffle, sa bouée de sauvetage, son oxygène... Le jeune homme n'adressait plus la parole aux collègues de Jules, les accusant de sa mort. Pour lui c'était de leurs fautes si elle n'était plus de ce monde. Laisser une femme infiltrée dans quelque chose aussi dangereuse... Cela avait été de la pure folie.
Son quotidien devenait morne et répétitif. Dormir, boire, manger -parfois- aller au travail, s'occuper de Jade...

20 mois plus tard... Avril 2014.
La douleur était toujours là, persistante, insatiable... Timoteï avait déménagé. Vivre dans un endroit qui lui rappelait sans cesse son amour, vivre dans la ville où il l'avait rencontré, cela avait été trop pour lui alors il était désormais là, à Santa Barbara, seul avec sa petite-fille dans un appartement calme et serein.Il essayait tant bien que mal de continuer à avoir une vie normale, même si ce n'était pas toujours facile pour le moment c'était tout ce qu'il arrivait à faire. Survoler sa vie d'autant plus que depuis 7 mois maintenant Penny et lui ne s'adressait plus la parole. C'était une seconde douleur dure à encaisser. Ne plus voir Jules, ne plus parler à sa sœur. Cela n'était jamais arrivé auparavant, cette dernière avait changé, elle n'était plus la même et c'est pour cette raison-là qu'ils ne communiquaient plus depuis de longs mois... Espérant chaque jour, peut-être, leur lien si fusionnel se reconstruise petit à petit.