Encore une journée sans attrait particulier. Se lever. Aller en cours. On ne pas dire que je suis très attentive ce matin. Je ne sais pas. Je rêvasse, en pensant à toutes sortes de futilités, ou à des sujets plus sérieux. Je me crispe en me demandant pour la énième fois combien de temps encore je vais pouvoir continuer mes études, si je finirai au moins l’année. Rien n’est moins sûr avec le bébé. Mais si je n’ai pas mon diplôme, comment vais-je…
Ça m’angoisse, alors je pense à la jupe que je mettrai demain, et si je m’attacherai ou non les cheveux. Abîme de futilité.
Heureusement je n’ai cours que la matinée. En sortant de l’université je me ratatine soudain, fixe le sol en regardant furtivement aux alentours. Je cherche un visage connu sur le trottoir, l’un de mes parents qui aurait décidé de mettre fin à ma fugue et me ramener à la maison, avec les conséquences pour moi que cela implique. Jamais ils ne me laisseront garder mon enfant. Je presse le pas.
Arrivée chez moi j’enfourne un plat surgelé au hasard dans le micro- ondes et m’affale sur le canapé convertible. Qu’est-ce que je vais faire ? J’ai le sentiment que si je reste seule à la maison, je vais finir par tourner en rond et déprimer. Je n’ai pas envie de dessiner, pas envie de travailler, et sortir me promener est risqué. Le micro-ondes sonne tandis qu’une idée me vient. Je vais rendre visite à Sandra, mon amie du lycée. Ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu.
Après trois ou quatre bouchées je décide que je n’ai plus faim, après tout j’ai mangé un peu, ça devrait suffire... J’attrape mon sac, y fourre une mes clefs et un paquet de bonbons à la menthe et sors. Le froid me transperce dehors, je claque presque des dents. J’ai oublié mon écharpe. Et mes gants. J’accélère. Les Garrett n’habite pas si loin que ça. Je sonne à la porte et tend l’oreille. On m’ouvre, sans regarder la personne sur le palier je lance « Bonjour ! Je viens voir Sandra. »