«  Arrête ! Je t’en supplie, tu vas finir par me tuer ! » Ce sont mes dernières paroles, c’est la dernière chose dont je me souvienne. Après, c’est le trou noir puis le réveil à l’hôpital. «  Pensez-vous que ça puisse vous influencer lors des missions ? ».  « C’est en partie pour ça que je souhaite devenir militaire. ». «  Mlle Jones, vous avez été battue par votre petit ami pendant 2 ans, pourquoi l’armée ? Pourquoi pas des cours de Self-défense, ou  adhérer à des associations contre les violences faites aux femmes ? ». « Parce que je veux défendre mon pays. » Réponse idiote je sais, très clichée même. Ça doit être mon regard et ma voix remplie de sincérité qui l’ont convaincue. Quelle conversation étrange tout de même, je me doutais que cela allait venir sur le tapis, c’était écrit dans mon dossier médical. Mais 2 heures entières à parler de ça avec une psychologue ?  

« Hey Jones ! Déjà fatiguée ? » « C’est quand même pas un tout petit parcours du combattant qui va me fatiguer ! Je gère mon endurance pour.. » Je m’arrêtai de parler volontairement, un clin d’œil et un sprint final plus tard et me voilà à la ligne d’arrivée, devant lui. « .. Te battre à plat de couture Harper ! ». Ca fait seulement deux semaines que nous avons commencé le programme d’entrainement et notre complicité est déjà magique.  Mais le début n’a pas été si rose, Harper comme je l’aime l’appeler *habitudes de l’armée*, n’était pas du tout mais alors pas du tout mon type de mec au début. Je le trouvais arrogant, fier et beau parleur. Tout ce qui m’insupportait au final. Mais après des regards et de longues conversations, j’ai fini par voir qui il était vraiment, ce qui se cachait derrière cette carapace.

« Noah ? J’ai quelque chose à te dire.. Mon unité se déploie dans 24H. » « Ça devait arriver tu le sais. ». «  Oui, mais pas aussi je ne pensais pas aussi vite que ça.. ».  Je voyais son regard se remplir de larmes pendant je restai  stoïque, face à lui.
“Cher Noah,
Cela fait déjà 3 semaines que je suis en Irak, sans toi. Déjà vingt et une lettre que je t’envoie, et seulement deux réponses. Ici, ça commence à devenir compliqué, je ne sais pas ce que les médias racontent mais je vais bien. Je pense sans cesse à toi, à nous, je me demande comment nous pouvons être autant fait l'un pour l'autre, avec nos milliers de différences. J'arrête pas de triturer cette magnifique bague de fiancailles.Même si j'aime être ici, j'espère te retrouver  au plus vite.
Avec tout mon amour,
Nova.”
« Elle est tellement magnifique.. ». Je regardais ma fille dormir paisiblement sur mon torse nu , le regard bienveillant de Noah posé sur nous deux. « Comme sa mère ». On venait tout juste de rentrer de la maternité et Joyce était devenue en quelques heures la priorité de ma vie.

J'étais partie en courant m'enfermer dans la salle de bain, assise par terre, je refoulais autant que je pouvais mes larmes qui voulaient s'écouler comme un tsunami. Je savais que ça arriverait encore, mais il y avait Joyce, tout était chamboulé. Il n'y avait pas seulement moi qui comptait maintenant, il y avait sa fille. Il l'a laissé. Après deux semaines j'ai fini par comprendre, parce que oui, moi aussi j'allais repartir. Et que l'armée prenait une grande place dans nos vies. Cela ne voulait en aucun cas dire que Joyce n'était pas le plus important.

Trois coups à la porte. Insouciante, j'attendais le facteur, mon frère avait enfin daigné m'envoyer le trotteur de son fils pour Joyce. Mais lorsque j'ouvris la porte, je sus, en un dixième de seconde, rien qu'en voyant le Colonel devant mes yeux. “Lieutenant Harper ?” Choquée, je réussis à faire le salut. “Oublions les formalités pour aujourd'hui Madame. Je viens vous informer que votre mari, le Commandant Noah Harper a été frappé par un missile lors de sa mission. Il a été rapatrié en Allemagne pour les premiers soins et arrivera d'ici deux jours sur le sol américain. Je vous tiendrais au courant Madame.”

Deux mois que mon mari étais revenu. Deux mois de quasi silence, deux mois que ma fille ne comprend pas pourquoi. Deux mois que Noah ne marche plus. Je sais ce qu'est le stress post traumatique, je sais que d'être dans un fauteuil roulant est juste impossible pour lui. Mais quoi que je fasse, dise pour l'aider, rien ne va. Je fais des efforts, oh je sais que tout le monde dirait et bien fais en encore, fais en plus. Mais je ne peux plus. Noah, il faut qu'on fasse une pause. Non Evana, je veux divorcer.