Je suis né dans la nuit du 11 décembre 1999. Ma mère n’avait pas de sécurité sociale et pas de quoi payer les frais médicaux, alors elle a accouché avec deux amies à elle. Elle était prostituée et je suis donc né dans un camion où ma mère et d'autres femmes couchaient avec des hommes. Comme je n'avais eu aucun soin, que le cordon ombilical a été coupé n'importe comment, j'ai fait une infection durant plusieurs semaines, ce qui m'apporta de la fièvre et des pleurs incessants. Comme ma mère n'avait pas de quoi payer le lait maternel et qu'elle ne pouvait pas m'allaiter puisqu’elle se droguait de temps en temps aussi, je n'ai pas pu être nourrit correctement et j'ai eu beaucoup de carence. Logiquement j'aurais dû mourir après ces quelques semaines de vie. Mais, ce qui m’a sauvé, c'est une descente de flics sur ce fameux parking pour démanteler ce réseau de prostitution. C'est une flics, blonde qui m’a trouvé dans un des camions, dans un état semi-comateux. Elle m’a amené à l'hôpital, ma mère est parti en prison et cette flic a prit de mes nouvelles pour savoir si j'allais mieux. Comment je le sais ? Parce qu'elle me l'a raconté quelques années plus tard.

Par la suite, j'ai été placé en famille d'accueil, j'avais 3 ans. A cause des carences que j'ai eu étant bébé, je suis devenue diabétique. Un diabète néonatale qui s'est transformé en diabète de type 1, si bien que je suis obligé de pratiquer une activité sportive tout les jours, de contrôler ma glycémie plusieurs fois par jours et m'injecter de l'insuline plusieurs fois par jours également et manger équilibré. Mais, comme j'avais 3 ans, je ne pouvais pas faire ça tout seul, je ne comprenais pas et ma famille d'accueil qui avait 12 enfants chez eux, uniquement pour récupérer les pensions, ne s'occupait pas de moi. Par conséquent, sans insuline je n'ai pas tenu longtemps et j'ai fait un malaise qui m’a conduit à l'hôpital. Les services sociaux m'ont ensuite renvoyé en foyer et ont décidé d'attendre mes 6 ans pour me remettre en famille d'accueil pour qu'ils m’apprennent à gérer certains trucs de ma maladie seul.

C'est donc à 6 ans et demi que je retourne dans une famille d'accueil. Ils sont plutôt sympa, la mère est adorable et le garçon de 16 ans est gentil avec moi. Le père est souvent saoul, il n'arrive pas à contenir sa colère alors il me frappe. Je ne dis rien car la mère et le frère sont gentils et je ne veux pas les rendre malheureux. Si je dit tout aux services sociaux, ils le mettront en prison et ils vont m'en vouloir... alors j'encaisse les coups. Un jour, il rentre du boulot, il venait de perdre son job en fait, il avait énormément bu et avait décidé de déverser toute sa haine sur moi. Il m’a battu, jusqu'à ce que je tombe inconscient. Notre voisine avait entendu les hurlements et les pleurs, puis un coup de feu. Elle appelle la police. Mon frère d'accueil avait pris le fusils de chasse et a tiré une balle dans les genoux de son père pour qu'il arrête et ne me tue pas. Moi, j'étais à présent dans le coma. Les flics arrivent et cette même femme blonde qui était présente quand j'étais petit et qui m’a tout raconté, m’a encore emmené à l'hôpital et a prit de mes nouvelles, jusqu'à ce que je sorte du coma quelques semaines plus tard.

Après plusieurs mois d'hôpital, suite aux multiples fractures, les services sociaux me remette en foyer définitivement car j'ai 10 ans et plus personne ne voudra m'adopter, je suis sur la liste rouge désormais. Au foyer, on m'insulte, on me vole mes affaires, on me bouscule et on m'humilie, j'en ai marre d'encaisser alors à 12 ans je m'enfuis. Je prend toute l'insuline de l'infirmerie, un sac à dos et je pars. Pendant plusieurs semaines je vagabonde dans les rues, je mange ce que je trouve dans les poubelles, je suis recherché par la police pour me ramener au foyer bien sûr. Au bout de 3 semaines je n'ai presque plus d'insuline, j'envisage de voler une pharmacie. Mais, un soir alors que je fouille dans une poubelle pour me nourrir, deux femmes m'abordent, dont une jeune femme blonde, la flic m'avait reconnu. Mais, je ne l'avais jamais vu, alors je ne me méfis pas lorsqu'elle me propose avec sa femme de prendre un repas chaud chez elles et de dormir une nuit. On fait connaissance lors du repas et j’apprends que ce sont deux lesbiennes. Personnellement je m'en fiche, on ne choisi pas qui on aime, c'est comme ça point et puis elles ont l'air gentilles. L'une est flic, l'autre est proviseur d'un lycée.

Le lendemain matin, elles m'annoncent qu'elles me connaissent et m'expliquent mon histoire. Elle me dit qu'elle a appelé les services sociaux avec sa femme. J'étais sur le point de m'enfuir, lorsqu'elle m'annonce qu'elles voulaient toutes les deux m'adopter. Je reste méfiant, je refuse dans un premier temps, je pars. Mais quelques heures plus tard je reviens, et j'accepte d'essayer. Depuis ce jour je ne suis plus jamais parti de chez elles. L'adoption a été faite quelques mois plus tard, j'ai eu du mal à leur accorder ma confiance. Je ne leur confiais rien, je restais secret sur tout. C'est petit à petit que je me suis ouvert à elles. Depuis le début elles sont devenues mes mamans, mais j'arrive à les appeler ainsi depuis tout juste un an. Je me souviens lorsque à noël j'avais écris "mamans" sur leurs cadeaux. Elles m'ont regardé d'un air intrigué et j'ai dit "oui, vous êtes mes mamans" et nous avons pleuré de joie tous ensembles.