Charlotte Rose Lacie Carson, voilà comment ont décidé de m'appeler mes géniteurs. Je suis née à Sydney en Australie le 15 mars de l’année 1987. J’ai vu le jour dans une famille un peu trop obsédée par l’argent, et je suis ce qu’on appelle : un accident de parcours Mes parents n’ont jamais souhaités s’encombrer d’un enfant et aussi loin que je m’en souvienne, je n’ai jamais eu le moindre signe d’affection venant d’eux. Pourtant peu présent à la maison, mon père était bien trop occupé par son travail que par ce qu’il se passait sous son toit et je ne compte plus les fois où j’ai entendu ma mère s’envoyer en l’air avec les collaborateurs de mon père. Ma mère n’a jamais été très maternelle avec moi, bien au contraire, je voyais plus du dégout dans son regard que de l’affection. Cette aversion pour mon prénom, je crois que ça remonte à loin, ma mère avait cette fâcheuse habitude de m’appeler avec cet air dédaigneux, un peu hautain, alors que ma nourrice m’exprimait toute son affection avec ce simple « Lottie » empli d’amour, c’est aussi con que ça, j’ai fini par prendre le prénom de ma véritable mère et non celui que m’avait affublé ma génitrice !

A 18 ans, on m’a clairement fait comprendre que mon temps à la maison été révolu et qu’il valait mieux pour moi de partir. Je me suis retrouvée mise à la porte sans plus de considération, pas un sous en poche. Je ne cacherai pas que les premiers jours ont été compliqués pour moi, mais loin de me laisser abattre, j’ai su rebondir assez vite. Hébergée dans un premier temps chez des amis, j’ai commencé à enchainer les petits boulots minables payés une misère. J’acceptais tout ce que ma morale ne réprimait pas, serveuse, livreuse, aide à domicile tout y était passé. Après quelques mois à crécher à droite et à gauche, j’ai décidé de prendre mon petit chez moi. Ca ne ressemblait pas à la vision que j’avais de mon avenir, l’endroit était crasseux et presque insalubre, mais je n’avais de compte à rendre à personne, c’était le principal. En parallèle de cette vie de galère, j’avais entamé des études de marketing dans l’espoir d’ouvrir ma boutique un jour.  C’est à cette époque que Jaiden a croisé ma route pour la première fois. Je ne sais pas s’il a eu pitié de moi, ou alors si mon histoire l’a touché, toujours est-il qu’il m’a pas mal aidée à redresser la barre quand j’avais envie de lâcher prise. Il ne s’est jamais rien passé entre nous à cette époque, mais il a été quelqu’un sur qui j’ai eu la chance de pouvoir m’appuyer quand les coups étaient trop durs. Il m’a sans aucun doute aidée à m’en sortir.

A 21 ans, j’ai pris la décision de partir m’installer aux Etats-Unis. Jayden m’avait donné envie de m’évader alors je suis partie, claquant mes économies dans ce voyage à sans unique. Là-bas, j’y ai retrouvé mon ami, en couple avec une certaine Birdie dont il semblait fou amoureux, chose que j’avais du mal à concevoir étant donné sa conception du couple, mais je m’étais dit que la maturité avait dû le rattraper. Il faisait sa vie de son côté et moi j’avançais de mon côté. J’ai continué mes études et ai réussi à trouver un job de serveuse dans un bar. Je ne gagnais pas beaucoup, mais assez pour vivre simplement sans être dans la misère. A côté, je travaillais sur le campus histoire de ne pas vivre sur la corde raide. Je me suis trouvé quelques amis de promo avec lesquels je prenais plaisir à sortir tous les soirs où je ne travaillais pas. J’ai fait pas mal de rencontres et profitais clairement de ma nouvelle vie.  

Mon petit cadre « idyllique » n’avait pas tenu très longtemps, une simple mauvaise rencontre au mauvais endroit avait suffi. C’était après mon service au bar, un client un peu lourd m’avait abordée et j’avais refusé ses avances un peu trop franchement à son gout. Le videur l’avait viré et j’avais continué mon service sans me poser de questions. L’homme m’avait attendue dans une ruelle adjacente, profitant clairement de l’avantage qu’il avait sur moi de par sa carrure, il m’avait coincée, violentée et violée sans plus de considération avant de me laisser meurtrie, salie dans un coin à demie consciente. C’est un de mes collègues qui m’a retrouvée en commençant son service le lendemain. De ce jour, je suis tombée enceinte… Comme si tout ça ne suffisait pas, à croire que le sort s’acharnait pour me faire comprendre que je n’avais pas assez galéré dans la vie. J’ai avorté, à contrecœur car contre mes principes, mais je refusais clairement de faire vivre à cet enfant l’enfer que j’avais vécu. La peur de reproduire le schéma de mes parents me rongeant. Je n’étais pas prête à voir le regard de mon agresseur dans celui de mon enfant, pas prête à devoir lui expliquer un jour qu’il avait été le fruit d’une agression sordide, que son père était une ordure mais que lui n’avait rien à voir avec lui. Je n’avais pas le droit d’infliger cela à un enfant. Aujourd’hui, je vis avec cet acte tous les jours, pas un seul jour sans que je ne songe à cet enfant qui aurait 4 ans maintenant, mais je n’étais tout simplement pas prête !

Là encore, Jaiden m’a aidé à ne pas m’effondrer, j’ai beau savoir me battre, voir le bon côté au quotidien, j’arrivais à un seuil où j’avais besoin d’une aide pour remonter la pente. Il avait été là pour moi durant les trois années qui avaient suivies. On a vécu ensemble pendant tout ce temps, j’ai peu à peu repris confiance en moi. A ce jour, je ne sais pas si la décision était louable de rester si proche de lui. Je suis devenue dépendante de lui, mine de rien, dans le sens où je n’accorde plus ma confiance si ce n’est à lui. Je suis tombée amoureuse de Jaiden, c’est arrivé comme ça, sans que je m’en aperçoive au début, mais à force de partager ses draps je comprenais bien qu’il y avait plus de mon côté, qu’à chaque fois qu’il s’éloignait, c’était une partie de moi qui s’éloignait aussi mais je ne lui en ai jamais parlé. Et pour cause, lui avait toujours le béguin pour Birdie… Ca se voyait comme le nez au milieu de la figure, cette fille l’obsédait. Moi je n’étais que l’amie avec qui on peut plaisanter, celle avec qui on couche de temps à autre pour passer le temps ! Je l’ai suivie pour l’aider à la reconquérir, comme une amie le ferait mais en réalité ce simple détail me bouffe comme pas permis. Je la jalouse secrètement et garde le sourire pour ne pas le perdre. J’accepte de céder à ses bras, même si je sais que ça va me blesser lorsqu’il s’en ira le lendemain, pour combien de temps encore je ne sais pas mais c’est le cas pour l’instant.