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Les journées étaient les mêmes. Toujours. Et toujours, je râlais. Grommelant mon malheur à la plante morte qui ornait la table de la cuisine, je prends le temps de faire couler le café dans la machine. Lente et bruyante, elle me réveille plus que le breuvage. D'ailleurs, je ne l'avale même pas, gaspillant la poudre, l'eau et le filtre. Rapidement, je passe par la salle de bains, préférant relever mes cheveux en un chignon coiffé-décoiffé, mais plus décoiffé que coiffé. Ca m'évitera de devoir les démêler, feignante que je suis. J'enfile un jean et un tee-shirt. Simple. Efficace. J'attrape mon sac, mes clefs et rejoint mon vélo, seul véhicule que j'utilise réellement au quotidien. Ce matin, c'est moi qui ouvre la boutique. Je ne sais pas s'il est plus tôt que d'ordinaire ou si Andy a décidé de dormir plus longtemps, mais c'est moi qui soulève le rideau et allume les lampes. Trente minutes plus tard, trente minutes de solitude, Andy débarque finalement, planche sous le bras et cheveux encore mouillés. Evidemment qu'il était dans l'eau.

Suite au décès de la machine à café en début de semaine, j'avais pris l'habitude / plus souvent lui d'ailleurs, d'aller chercher le café au bar de la jetée. Et de ma grande bonté, je sautais sur mes deux pieds pour aller chercher les tasses. Moins de trente secondes après être sortie de la boutique, je m'arrête. Porte ouverte et cartons éparpillés, India ne devait pas être loin. Je rentre, faisant comme chez moi, mais d'un coup d'oeil, je ne vois personne. En me retournant, je manque de renverser un carton. Et India derrière. "Salut !" m'exclamais-je en souriant, joyeuse. J'avais conscience que je l'ennuyais souvent, mais j'aimais sa compagnie et je suis certaine qu'elle s'ennuyait bien trop si je ne lui rendais pas visite de temps en temps. Tout le temps. "Mmmh… M'oui okay" Aussi lentement qu'India était efficace, je ramasse une boite. Ce n'était pas lourd, mais encombrant et je pouvais bien faire ma bonne action de la journée en déplaçant un carton. Je le posais à côté des autres, m'installant immédiatement après ça sur un tabouret haut. "Non, Andy est à la boutique, il gère. T'es toute seule ?"

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Voilà pourquoi India était seule avec ces cartons. Mallory, que je connaissais depuis quelques années ne travaillait pas aujourd'hui. Raison de plus pour tenir compagnie à la blonde. "Alors là, t'es complètement à côté de la plaque!" Les personnes qui ne me connaissent pas peuvent facilement penser que j'étais l'une de ces personnes imbues d'elle-même. Il n'en était rien. Je ne me prenais jamais au sérieux et quand je déclarais être la personne la plus utile et importante de la ville, ou du magasin, je plaisantais. Je savais que dans le fond, j'étais loin de faire mon boulot à 100%. Mais Andy me gardait auprès de lui, non pas parce que j'étais son amie, mais bien parce que j'avais une utilité quelconque. Lui tenir compagnie ou garder le magasin quand il n'était pas présent. Enfin, sûrement qu'il y avait autre chose, sans quoi, il ne me payerait pas simplement pour ça.

Je l'observe faire son job, attraper un chiffon pour essuier le comptoir. L'odeur des fleurs s'échappe des cartons qu'elle vient d'ouvrir. Je jette un coup d'oeil, sans rien toucher. J'étais certaine que si je m'aventurais par là, les fleurs faneraient rapidement. "En plus, c'est pas comme si j'étais très loin. J'veux dire, tu sais comme il crie, il n'aura qu'à élever la voix et je rentrerai". Je ne me poussais que pour la laisser faire sa poussière, perchée sur le tabouret haut. "Tu veux un café ? J'allais m'en chercher un. Je sais pas si je te l'ai dis, mais la cafetière à rendu l'âme..." Tristesse dans ma voix. Bon, je lui avais probablement déjà dis ça une demie douzaine de fois, mais une de plus n'allait rien changer. Il fallait vraiment qu'Andy fasse quelque chose à ce propos, sans quoi je me mettrais en grève.