12 mai 1993. Une nuit de printemps assez chaude pour mmon Italie natale. C'est cette nuit que je vois le jour. Ma mère est en sueur au moment d’entrée à l’hôpital. Ses contractions sont violentes. Il faut dire que je suis le premier enfant qu'elle met au monde, et que du même coup, la nervosité l'envahie terriblement. Ma naissance ne se déroule pas de manière très facile. Plusieurs heures s’écoulent. Plusieurs heures de calvaire pour ma mère et mon père qui se fait de plus en plus de soucis pour sa femme. Puis finalement, à 5h21 du matin, je vois le jour. L’infirmière me dépose sur le ventre de ma mère en larmes. Mon père vient embrasser sa femme, versant une larme lui aussi.
« Félicitation chérie. Tu as très bien fait ça. » Ma mère ne dit pas un mot, se contentant de sourire en venant déposer un baiser contre mon front.
« Alors, comment est-ce qu’on l’appelle ?? » La jeune femme marque une pause, réfléchissant bien. Puis, une éclaire de génie semble avoir traversée son esprit.
« Primrose. Primrose Maryssa Standford.★★★
Je dois certainement faire un cauchemar, ce n’est pas vrai. Mes parents ne m’ont pas vraiment entraîné dans cet endroit pollué qu'est la Californie ?? Et pourtant, c’est bel et bien à Santa Barbara que nous posons bagages aujourd’hui. La petite fille de six ans que je suis alors se sens paniquée. J’étais habituée à Rome. J’aimais l’énergie qui se dégageait de cette ville, l’ambiance qui y régnait. Hélas, ce n’était pas le cas de ma mère. Elle ne trouvait pas que c’était l’endroit idéal pour élever un enfant. Du coup, on arrive dans cette ville aujourd’hui, enfin prêts à déménager dans notre nouvelle maison. Enfin, mes parents sont prêts. Pour ma part, je suis terrifiée. Je ne veux pas rester ici. Je veux rentrer chez moi, retrouver mes amis et mon quartier. Je ne veux pas toute reprendre ma vie à zéro. Soudainement, je sens une petite main se poser sur mon épaule et je fais volte face, me retrouvant nez à nez avec un petit garçon aux cheveux bouclés de toute évidence un peu plus âgé que moi. Il me sourit et je m’efforce de faire de même malgré que le cœur n’y est pas.
« Salut !! Je m’appelle Noah, et toi ?? » Je tente d’ouvrir la bouche afin de lui répondre, mais aucun son n’en sort. Apparemment, ma grande timidité fait encore des siennes. Il me regarde d’un drôle d’air, ne semblant pas comprendre ce qui me prend.
« T’as perdu ta langue ou t’es muette ?? » Aussitôt, j’éclate de rire.
« T’es bête !! Bien sûr que je ne suis pas muette. » Je ris de nouveau avant de lui sourire gentiment.
« Je m’appelle Primrose et j’ai six ans. » Je lui mime un six avec mes doigts et il fait de même, m’indiquant un neuf. C’est ce que je disais, il est un peu plus vieux, mais pas trop. C’est bien, au moins je me sens moins seule au monde. Enfin, s’il veut être mon ami.
« Je demeure dans la maison juste à côté avec ma maman, et quelque fois, il y a aussi mon grand frère qui est avec nous, mais pas très souvent. » J’hoche la tête et il me sourit d’un air enfantin. Enfin, c’est un enfant, c’est normal.
« Tu vas voir. Toi et moi, on va devenir les meilleurs amis du monde. » Chouette !! Il veut vraiment devenir mon ami. Finalement, la perspective d’emménager dans cette ville me plaît assez. Ce n’est pas si mal Santa Barbara finalement. J’entends mon père m’appeler et je m’apprête à me diriger vers la porte d’entrée de la maison.
« Tu veux que je t’aide à rentrer des cartons ?? » J’hoche légèrement la tête et on commence à entrer les boîtes à l’intérieure. Comme il se doit, mes parents trouvent Noah absolument adorable dès la première seconde. En même temps, qui ne l’aurait pas trouvé adorable ??
★★★
Les math et moi, ça a toujours fait deux. Tout au long de mon parcours scolaire, ça a été la même rengaine, et maintenant que je viens d’entrer au lycée, je n’ai pas vraiment le choix de m’améliorer. Heureusement, Noah m’aide beaucoup. J’ai de la chance qu’il soit aussi doué dans le domaine. À tous les soirs, il m’aide à m’améliorer et à aimer davantage cette matière. Enfin, aimer, c’est vite dit… Nous sommes tous les deux attablés dans la cuisine à faire nos devoirs lorsqu’un jeune homme plus âgé que nous entrer dans la pièce. Il salut Noah de la tête, se prend un verre de lait au frigo puis ressort presque qu’aussi vite qu’il est entré. Néanmoins, ce n’est pas ce qui m’empêche de le suivre du regard jusqu’à ce que je ne puisse plus l’admirer. Il est si… Je ne saurais dire. Je n’ai encore jamais vu un garçon comme lui. Noah ne semble pas s’être rendu compte de mon air ébahit puisqu’il continu ses devoirs comme si de rien était. C’est moi qui suis obligée de le sortir de sa torpeur.
« Qui est-ce ?? » « C’est Liam. C’est mon grand frère. Pourquoi ?? » Il ne me regarde toujours pas, mais vu son sourire en coin, il semble avoir flairé quelque chose.
« Il est incroyable. » Cette fois, il se moque de moi. Il relève la tête dans ma direction et sourire bien davantage.
« Cours toujours Prim, mais tu n’es pas son type. » Je prends un air outré en déposant fortement mon crayon sur la table.
« Et c’est quoi son type ?? » « Disons les filles qui ont plus de douze ans… » Il rit de nouveau pendant que je le dévisage.
« Allez, souris un peu. Ce n’est quand même pas la fin du monde. » Je soupir en l’ignorant. Il me balance son efface mais je ne broche toujours pas, recommençant à faire mes mathématiques. Cela dit, la tête n’y est pas. Je sais que j’arriverai à avoir Liam. Je le sens comme si c’était déjà prémédité à l’avance.
★★★
Ce n’est pas vrai, quelle plaie !! Comment je vais expliquer à mes parents que je rentre à une heure aussi tardive moi ?? J’ai peut-être quinze ans, mais pour ma famille conservatrice, rentrer à quatre heures du matin n’est pas très distingué pour une jeune fille de mon âge. C’est la faute de Noah aussi. S’il ne m’avait pas forcé à écouter ce satané film d’horreur, je ne me serais jamais endormie sur son lit et je n’en serais pas là en ce moment. À pas de loup, je me tire de sa chambre en faisant l’effort de ne pas le réveiller et de ne pas déranger ses parents non plus. Je n’ai plus qu’à passer par la fenêtre de ma chambre, me glisser dans mon lit et le tour est joué, mes parents ne seront pas au courant. Seulement, à l’instant où j’allais tourner le coin du couloir, je tombe nez à nez avec un Liam torse nu, un sourire amusé aux lèvres.
« Dis donc, mon petit frère est nul au lit à ce point !? » Aussitôt, je me sens rougir jusqu’aux oreilles. C’est la première fois qu’il m’adresse la parole depuis que je l’ai croisée dans la cuisine il y a trois ans de ça et bien franchement, je ne me suis toujours pas préparée à ce que je pourrais bien lui dire. Je m’efforce de lui sourire avec assurance, essayant au mieux de ne pas le détailler du regard.
« Je.. Je ne sors pas avec Noah. » « À d’autres… » me répond-t-il d’un air amusé. Néanmoins, il retrouve rapidement son sérieux, un éclair de génie semblant lui avoir traversé l’esprit.
« Attends- tu es Primrose, c’est ça ?? Tu es la meilleure amie de Noah ?? » Un peu surprise, je me contente d’hocher la tête pendant qu’il me sourit une nouvelle fois.
« Il m’a beaucoup parlé de toi, et je suis heureux de te rencontrer enfin. » Vraiment ?? Noah lui a parlé de moi ?? S’il ne dormait pas à poings fermés, je me précipiterais dans sa chambre pour le serrer dans mes bras. Je m’apprête à ouvrir la bouche, mais Liam me coupe dans mon élan.
« Dis-moi, tu es occupée samedi soir ?? Ça te dirait d’aller prendre un café ou quelque chose du genre ?? » J’ai peine à croire que tout ça soit réel. Je dois être encore en train de dormir sur le lit de Noah et je rêve à tout ça. Liam vient réellement de m’inviter, moi ??
« J’en serais ravie. » Il me lance un sourire ravis que je lui rends. À cet instant, je me fiche complètement des convenances. Je me fiche qu’il soit quatre heures du matin. Je me fiche que cette homme ait vingt ans et moi à peine quinze. Tout ce qui importe, c’est que j’ai enfin ma chance.
★★★
Ça fait déjà cinq ans. Cinq ans que je suis en couple avec Liam. Les choses se sont déroulées assez rapidement. On est sortie prendre un café, puis nous sommes aller au cinéma et il ne nous a pas fallu plus que ça pour comprendre que nous étions fait l’un pour l’autre et que nous avions tout un tas de points communs. Liam est tellement plus qu’un beau garçon. Il est drôle, intelligent et il sait veiller sur moi comme personne. Certes, ça a dû faire bizarre pour Noah au départ de voir que son grand frère sortait avec sa meilleure amie, mais au bout du compte, il semble s’être fait à l’idée. Enfin, il ne semble pas trop en être dérangé. Ce soir, mon petit ami m’a dit qu’il avait quelque chose d’important à me dire. Comme il est en visite chez sa mère, je n’ai qu’à l’attendre sur le balcon de chez moi. Je n’ai toujours pas quittée le domicile familial. Je préfère rester là-bas jusqu’à la fin de mes études, à cause du côté financier. D’ailleurs, Noah a choisit de faire de même. Il fait frisquet ce soir et je ressers instinctivement ma veste de laine noire contre moi. Soudainement, Liam sort de chez sa mère pour se diriger vers moi, me poussant à lui sourire d’un air attendrit. Cela dit, il ne me rend pas la pareille et aussitôt, je sens une boule grandir dans mon ventre pendant que je me relève du balcon.
« Il y a un truc qui ne va pas ?? » Il dépose un léger baiser contre mes lèvres en se forçant pour esquisser un sourire.
« Si, tout va très bien. » Il me prend doucement les mains pour me pousser à me rasseoir sur le sol, faisant de même. Je me rends bien compte que quelque chose le titille et je lui souris afin de l’inciter à parler.
« Tu te souviens de cette base militaire dont je t’avais parlé ?? Celle où je souhaitais faire un service afin de me rendre utile ?? » J’hoche légèrement la tête, même si je commence à comprendre où il veut en venir.
« J’ai été prit Prim. Je pars dans trois jours. » Trois jours !? Si tôt !? En même temps, ça vaut sans doute mieux. De cette manière, les adieux risquent d’être moins déchirants. Je n’arrive pas à prendre la parole. Je suis beaucoup trop sous le choc, beaucoup trop malheureuse pour pouvoir dire quoi que ce soi. Sa main passe sous mon menton et il relève mon visage vers le sien.
« Tout va très bien se passer chérie, je te le promets. Je n’en ai que pour huit mois et ensuite, je reviendrai vers toi, et on vivra enfin notre vie à deux. » Il me souris et je m’efforce de faire de même. Venant doucement le prendre dans mes bras.
« Je t’aime tellement. » Il me sert un peu plus fort, passant sa main dans mes cheveux avec douceur.
« Je t’aime aussi. C’est pour ça que j’espère que tu me diras oui… » J’arque légèrement un sourcil, me demandant franchement où il veut en venir cette fois. Il me relâche et à contre cœur, je dessers mon étreinte, revenant planter mon regard dans le sien. Un sourire amusé se dessine cette fois sur son visage pendant qu’il fouille dans la poche de son jeans pour en ressortir un petit écrin blanc qu’il ouvre délicatement devant moi. Aussitôt, mon cœur ne fait qu’un bond dans ma poitrine et je ne peux plus retenir les larmes qui menacent de couler contre mon visage depuis plusieurs minutes déjà. Seulement cette fois, ce sont des larmes de joie.
« Je t’aime Primrose. Je t’aime et je veux que tu deviennes ma femme. Dis-oui, s’il te plaît. » Un léger rire s’échappe de mes lèvres malgré les larmes qui continues d’affluer. Je me mors fortement la lèvre inférieure avant de sourire grandement.
« Oui. » Il sourit à son tour avant de venir prendre possession de mes lèvres avec passion. Je suis terrifiée dû à son départ, mais je sais que les choses vont très bien se passer. On sera séparer pendant huit mois, c’est vrai, mais qu’est-ce à côté de l’éternité qu’on passera tous les deux ??
★★★
Ce n’est pas possible. Comment une telle chose peut m’arriver à moi ?? Je dois rêver, ce n’est pas réel. Et pourtant, je suis bien obligée de me rendre à l’évidence lorsque je vois le petit icône
positif se dessiner sur le test de grossesse. Je suis enceinte. Rapidement, je sens ma vie s’écrouler sous mes pieds. Je peux dire adieu à la danse classique, adieu à ma jeunesse. Je vais avoir un bébé avec un homme à laquelle je ne peux même pas parler présentement parce qu’il est en Irak. Pourrait-il vraiment m’arriver quelque chose de pire ?? Tant qu’à mes parents, il est hors de question que je les mette au courant pour l’instant. Je ne peux pas leur dire de but en blanc que leur petite fille de vingt ans va avoir un enfant. Il n’y a qu’une seule personne à qui je peux parler de tout ça : Noah. Je sais que peu importe ce qu’il en pensera, il me donnera les meilleurs conseils possibles et ne me jugera pas. Il n’est pas mon meilleur ami pour rien après tout. Seulement, pile où je vais sortir de ma chambre, on toque à ma porte. J’ouvre doucement et je tombe nez à nez avec un Noah, les yeux rougit par les larmes. Aussitôt, mon cœur ne fait qu’un bond dans ma poitrine. Je peux compter sur les doigts d’une main les fois où j’ai vu Noah en larmes. Certes, quand nous étions petits, c’était plus fréquent, mais au cours des dernières années, ça ne m’est pratiquement jamais arrivé. Essayant de chasser mes propres larmes au plus vite, je décide de porter toute mon attention sur lui. Son bien-être avant le mien.
« Noah ?? Il y a un truc qui ne va pas ?? » Sans un mot, il se jette subitement dans mes bras, fondant une nouvelle fois en larmes. Je le serre de toutes mes forces contre moi, essayant au mieux de le calmer. Mais comment pourrais-je quand je suis moi-même paniquée ?? Doucement, je l’attire vers mon lit où nous nous assoyons. J’essuie doucement ses larmes du bout des doigts, essayant de le pousser à me parler, à me dire ce qui ne va pas. Une nouvelle fois, sa voix semble bloquée. Au lieu de parler, il se contente de me tendre une petite lettre jaune. Intriguée, je la prends, la dépliant avec attention afin de lire ce qui y est inscrit. Ce que je lis me laisse sans voix.
Mort au combat. Non, ce n’est pas vrai. Pas Liam, non !! Cette fois, c’est moi qui fonds en larmes. J’ai envie de hurler, de crier à plein poumon ma douleur, mais mes sanglots sont étouffés par le cou de Noah qui est revenu me serrer fortement dans ses bras, pleurant avec moi.
« Il t’aimait vraiment Prim. Il ne cessait de me parler de la vie qu’il souhaitait mener avec toi, de la famille que vous alliez former. Mais il ne voudrait pas que tu sois malheureuse. » S’il savait quel autre soucis j’ai en tête, il ne me dirait pas ça. Le père de mon enfant est mort. Jamais il ne le verra. C’est ça, le plus effrayant. Il faut que je lui dise la vérité. Je n’ai pas le choix. Prenant ma tête entre mes mains, je tente de contrôler les sanglots qui me submergent et je lui lance de but en blanc :
« Je suis enceinte. » Il ne dit rien. Il est bouche bé, un peu comme moi quand j’ai vu le résultat d’ailleurs. J’ai pratiquement peur qu’il me hurle dessus, qu’il me traite d’idiote ou qu’il m’ordonne d’avorter, mais à la place, il me prend encore dans ses bras, laissant ses doigts glisser dans mes cheveux. Son toucher me détend et je me calme peu à peu.
« Tu.. tu sais ce que tu vas faire ?? » Si seulement je le savais. Je soupire légèrement, nichant ma tête au creux de son cou.
« Je ne sais pas... » Il me serre plus fort.
« Ça va aller. Je serai là, d’accord ?? Je vais veiller sur toi et sur ce petit ange. » Sa voix me calme et je tente d’avoir espoir.
« Je lui avais promis. » souffle-t-il, la voix encore noué par les sanglots. Et cette fois, je ne peux plus retenir mes larmes qui afflût de nouveau. On se serre fortement pendant plusieurs minutes, déversant notre peine contre l’autre. Je pleure ma vie perdue, mon fiancé que je ne reverrai jamais. Je pleure pour cet enfant auquel je ne peux encore rien promettre. J’ai tellement peur.
★★★
Ma grossesse se déroule finalement plutôt bien. J’ai décidée de garder l’enfant tout compte fait. Il est le dernier souvenir qu’il me reste de Liam, la seule preuve que notre amour a réellement existé. De toute façon, je n’aurais jamais été capable d’avorter. Ça aurait été trop dur. Passer ma vie à me dire que j’avais enlevée la vie de quelqu’un d’autre aurait été insupportable. Tant qu’à l’adoption, ce n’était même pas une option pour moi. Je ne pouvais pas abandonner mon enfant. Notre enfant. Finalement, Noah a tenu parole. Il m’a soutenu tout au long de ma grossesse, m’aidant même à me trouver un petit appartement pas trop cher où il me ferait bon de vivre avec mon bébé. Il va sans dire que j’ai dû mettre mes cours de ballet entre parenthèses pour quelques temps, mais je me dis que ça en vaut la peine. J’aurai largement le temps de poursuivre la danse lorsque mon enfant aura grandit un peu. Mes parents ont aussi assez bien prit la nouvelle. Bien qu’ils aient été sous le choc, ils ont approuvés ma décision de le garder, jugeant que j’étais assez grande pour décider de ça toute seule. Ils m’ont même promis qu’ils seraient là lors de l’accouchement. Seulement voilà, la vie est parfois imprévue, et c’est pile au moment où mes parents sont en voyage en Italie que le bébé se décide à naître. Ayant beaucoup trop peur d’accoucher seule, je téléphone immédiatement à Noah qui m’accompagne à l’hôpital. Tout au long du trajet, il m’encourage, me promettant que tout va bien se passer et que je n’en serai que plus heureuse après. Il me suit même jusque dans la salle d’accouchement. C’est peut-être pour cette raison d’ailleurs que les médecins le prennent pour le père du bébé… Cette idée me chamboule un peu mais Noah semble s’en amuser. Le travail dure une éternité. Je me sens à bout de souffle, mais je m’efforce de faire mon travail au mieux. Je pousse de toutes mes forces et finalement, au bout de sept heures de travail, ma petite fille pointe le bout du nez. Ma petite Maya. Dès l’instant où je pose les yeux sur elle, je fonds en larmes. Noah fait d’ailleurs de même aussi. Cette fois, c’est moi qui en suis amusée. On me dépose mon bébé dans les bras et instantanément, je sens une dose d’amour incroyablement puissante m’envahir. Est-ce vraiment possible d’aimer à ce point ?? Du moins, je ne m’en croyais pas capable. Je viens doucement embrasser son petit front pendant qu’elle s’endort dans mes bras.
« Elle est magnifique. » Je repose les yeux sur mon meilleur ami, esquissant un sourire réjouis.
« Tu sais déjà comment tu vas l’appeler ?? » Je n’ai même pas besoin d’y réfléchir deux secondes. Pour moi, c’est comme si ça avait toujours été décidé.
« Maya. » « Maya. C’est très joli. » À son tour, Noah se penche pour embrasser ma petite fille, et je ne peux que me laisser attendrit par la manière qu’il a de la regarder. Je sais qu’il l’aime déjà.
« Tu veux la tenir ?? » Il hoche légèrement la tête en souriant et je lui dépose délicatement le bébé dans les bras. À cet instant, plus aucune peur ne m’envahit. Je suis juste heureuse. Heureuse d’avoir cet enfant qui, je le sais, va changer ma vie.
★★★
Six mois se sont déjà écoulés. Six mois de pur bonheur auprès de la plus adorable des petites filles. Franchement, je n’aurais jamais pu rêver mieux. Maya est adorable. Elle est souriante, câline et très curieuse face au monde qui l’entoure. En plus, elle pleure très rarement, ce qui est assez rare pour une petite fille de son âge. Noah avait eu raison. L’appartement qu’il nous avait trouvé avant mon accouchement était parfait. Il n’était ni trop grand, ni trop petit pour nous deux, ce qui permettait à Maya de s’épanouir pleinement. Je suis parvenue à reprendre mes cours de danse. Mon budget me le permet et pendant la journée, ce sont mes parents qui prennent soin de ma fille, ce qu’ils adorent faire de toute façon. À côté de ça, je suis serveuse à mi-temps dans un restaurant afin de subvenir à nos besoins à ma fille et à moi. J’ai un horaire très chargé, mais ce n’est pas pour autant que je ne pense pas à m’amuser une fois de temps en temps, comme ce soir. J’ai demandée à mes parents de prendre soin de Maya pour la soirée étant donné que Noah et moi avons décidés de sortir en boîte histoire de danser un peu et de prendre quelques verres. Je m’étais promis d’être raisonnable, mais lorsque j’entre à l’intérieure de l’appartement de mon meilleur ami, je suis complètement défoncée. Apparemment, je tiens très mal l’alcool. Je ris sans doute beaucoup trop fort puisque Noah me fait signe de me taire, riant tout de même tout aussi fort que moi. On s’écroule lourdement sur le canapé du salon et je pose ma tête contre son épaule. Mes paupières tombent lourdement et lorsqu’il glisse ses doigts dans mes cheveux, ça n’arrange pas les choses. J’en rigole d’ailleurs plus légèrement.
« Si tu te mets à me jouer dans les cheveux, je risque de m’endormir. Prends garde. » On rigole encore un peu, mais brusquement, je ne peux m’empêcher de reprendre mon sérieux.
« Dis, quand on était petits, est-ce que tu t’imaginais qu’on aurait cette vie une fois adulte ?? » Il semble s’être rendu compte que quelque chose n’allait pas puisqu’il se redresse brusquement, venant planter son regard azur dans le mien.
« Prim, arrêtes de t’en faire, d’accord ?? Tu es une mère formidable. Maya a beaucoup de chance de t’avoir. » Il marque une petite pause, esquissant un sourire rassurant.
« Et je sais que mon frère serait vraiment fier de toi. » Cette fois, je ne peux m’empêcher de sourire d’un air réjouis. Je viens de nouveau me blottir dans ses bras.
« Merci. » Je viens doucement me redresser, mais subitement, je me rends compte que quelque chose cloche. Je ne sais pas si ce sont les effets de l’alcool, mais le regard que Noah pose sur moi est différent de d’habitude. D’ailleurs, je sens bien que je ne le regarde pas de la même manière non plus. Les choses se déroulent doucement mais aussi tellement rapidement. Je vois son visage se rapprocher doucement du mien. Je sens son souffle s’écraser contre mes lèvres et j’en frissonne. Nos lèvres se rejoignent et on s’embrasse. D’abord doucement, ce baiser ne tarde pas à devenir de plus en plus passionné. Ma main vient doucement se nicher dans ses cheveux que je caresse avec douceur, laissant la sienne remonter doucement contre ma colonne. C’est lui qui met un terme à nos étreintes et je le laisse faire, à contre cœur.
« T’es certaine que c’est ce que tu veux ?? » En fait, j’en sais rien. Mon esprit est complètement embué par l’alcool. Silencieuse, je viens détailler attentivement son visage, laissant mon regard dévier de ses yeux à ses lèvres. Je me mords délicatement la lèvre inférieure et j’hoche délicatement la tête. Il ne tarde pas à s’emparer de ma bouche de nouveau, m’embrassant cette fois avec fougue. J’y répond avec toute la passion que j’ai en moi et je le laisse me soulever dans ses bras pour me conduire vers sa chambre. Lorsqu’il me dépose sur le lit et qu’il retire son chandail, c’est comme si plus rien existait. Comme si j’avais été préparée pour ce moment pendant toute ma vie. Ses lèvres glisse contre mon cou et j’en frissonne. Je ne voudrais être nulle part ailleurs.
★★★
Je me réveille quelques heures plus tard avec une migraine incroyable. Mais qu’est-ce qui vient de se passer ?? Où suis-je donc ?? Je me rends à l’évidence en voyant ce corps nu allongé à mes côtés. Je viens de faire l’amour et pas avec n’importe qui. Avec Noah. Avec mon Noah, mon meilleur ami, celui qui a toujours été le plus important à mes yeux. Est-ce qu’on avait tout gâché ?? Il était trop tôt pour le dire. Doucement, je viens jeter un coup d’œil au cadran. Deux heures trente. Mes parents doivent être morts d’inquiétude que je ne sois pas encore retournée chercher Maya. Ma petite fille a dû avoir du mal à s’endormir. Doucement, je me redresse afin de partir à la recherche de mes vêtements éparpillés sur le sol. Machinalement, mon regard se pose sur le visage paisible de Noah. Il dort à poings fermés et curieusement, je me surprends à le trouver incroyablement séduisant. Cette idée me surprend grandement. Pourtant, les effets de l’alcool se sont dissipés depuis longtemps… Enfin, c’est Noah, le petit frère de Liam !! Je ne peux tout de même pas avoir ce genre de sentiment à son égard. Ce serait ridicule et tellement logique à la fois. Ce serait trahir la mémoire de Liam. Quoi qu’il en soit, il vaut mieux que je prenne mes distances pour un temps. Il vaut mieux que je repense à tout ça parce que je ne peux pas supporter ça. Je ne peux pas tomber amoureuse de lui. Pas de l’homme le plus important à mes yeux. Aussi, après m’être rhabillée rapidement, je me glisse à la cuisine afin d’attraper un papier et un crayon, où je griffonne les mots suivants :
« Je ne peux pas… » Puis je m’enfonce dans la nuit, prête à retrouver ma fille. Celle qui doit être ma priorité.